A l’abordage de James Bond Island

A l’abordage de James Bond Island

Reportage d’un fan sur les rivages de l’île de Scaramanga en Thailande

Par Dominique Kieffer

N’avez-vous jamais réalisé un rêve de gosse ? Pour ma part oui, et parmi ces rêves, il y avait celui d’un petit garçon qui voulait visiter le repaire d’un méchant dans ses films préférés. Il a pu devenir réalité en décembre 2011, date à laquelle j’effectuais mon sixième voyage en Thaïlande, le pays de mon épouse.

Au cours de mes voyages précédents au pays du sourire, la visite de Khao Phing Kan, autrement dit l’île de Scaramanga ou « James Bond Island », comme on l’appelle désormais là-bas, avait toujours été un rendez-vous manqué. Manque de temps et d’organisation, notamment dû au fait que cette île se situe dans le sud, à presque mille  kilomètres de nos habituels points de chute.

Mais cette fois, cela ne sera pas. Mon beau-frère accepte gentiment de nous y conduire en voiture. Départ à 19 heures de Bangkok dans son Pick-up, avec comme équipage ma femme, notre petite fille de deux ans et demi, et une petite partie de la belle-famille. Route de nuit, sommeil difficile pour tous, et parfois des situations aussi périlleuses que dans un James Bond, qui ne semblent pas inquiéter le conducteur !

Au petit matin, l’apparition dans le paysage de gigantesques falaises bien reconnaissables dans cette région et dans L’Homme au pistolet d’or et  Demain ne meurt jamais, m’indique que nous nous rapprochons de notre objectif. En l’occurrence, le village de Phang Nga et sa baie, qui sont le point de départ de la visite des îles. Déjà, j’aperçois un peu partout des affiches publicitaires annonçant les prix de la ballade en mer pour la visite de « James Bond Island ». Ces publicités sont toutes agrémentées de la silhouette de Roger Moore, dans la posture qu’il adopte sur l’affiche de Rien que pour vos yeux.

Alors que les lueurs de l’aube pointent, nous nous arrêtons dans le seul hôtel un tant soit peu confortable du coin, le « Phang Nga bay resort », situé juste au bord de la mer d’Andaman où se trouve Khao Phing Kan. La zone de l’hôtel semble être le point de départ de la visite.

Arrivé dans ma chambre, je suis trop excité pour dormir. Cinq heures plus tard, vers dix heures du matin, nous sommes tous sur le pied de guerre. Nous avons trouvé un guide qui nous emmènera faire le tour des îles pour 700 bahts (environ vingt euros).  Nous embarquons sur le frêle esquif, et enfilons nos gilets de sauvetage conformément  aux consignes de sécurité. Les gilets sont eux aussi tous ornés de la silhouette de Roger Moore. Le moteur de l’hélice du rafiot est du même type que ceux qu’on peut voir dans la course-poursuite sur le marché flottant de Bangkok dans le film.

En un quart d’heure, nous nous retrouvons parmi les îles et les falaises que survole l’hydravion de Bond. Le site est superbe et d’une immensité à couper le souffle, comme taillé par des titans. Pour rappel, ce parc naturel est sensé figurer un endroit similaire en mer de Chine, mais certainement moins accessible aux tournages, en tout cas à l’époque. De même qu’il est sensé représenter la baie d’Halong dans Demain ne meurt jamais. Là aussi, le Vietnam s’était montré réticent à accueillir James Bond. Sans doute cet endroit ressemble-t-il effectivement beaucoup à la baie d’Halong, en certainement beaucoup plus ensoleillé cela dit.

Au bout de trois quart d’heures, enfin l’île de Scaramanga est en vue. Je l’aperçois de loin, avec le fameux rocher de Ko Tapu (d’où sort le capteur solaire dans le film) au milieu. Légère mauvaise surprise : les Occidentaux doivent payer un supplément pour mettre pied à terre, 200 bahts (environ 5 euros). Mon beau-frère me demande si je veux m’arrêter… Je ne peux pas être venu jusqu’ici et repartir avec un tel gout d’inachevé !

Nous accostons donc, je règle les frais me concernant, et heureux comme un enfant, j’entreprends l’exploration du repaire de Francisco « pistol » Scaramanga, m’attendant à le voir surgir à tout moment.

L’île est superbe, au-delà de mes espérances.  Elle est suffisamment grande pour être en elle-même un estimable repaire de méchant, sans avoir besoin d’exagérer ses dimensions à l’écran. La végétation est luxuriante, et les falaises immenses qui la constituent offrent d’innombrables cavités et recoins à explorer.  Je passe une bonne heure à en examiner tous les recoins en compagnie de ma famille, et surtout de ma fille qui pour le coup, joue le rôle de Tric Trac et ne pourra pas dire qu’elle n’est pas tombée dans la marmite James Bond quand elle était petite.

 Je reconnais de nombreux endroits et canarde avec mon appareil photo : le coin de l’île où Scaramanga se baigne au début du film, l’entrée de sa base marquée par un mur partant en oblique,  d’où toute trace de porte ou d’installation moderne a disparu, laissant place à un éboulement de rochers, la plage où l’hydravion de sa Rogesté atterrit, avec le fameux rocher de Ko Tapu, devant lequel je ne peux résister à prendre la pose de duel avec ma femme.

 J’avais entendu dire que l’endroit était infesté de touristes et d’échoppes de marchands de coquillages, rendant presque impossible tout espoir de prendre une photo seul devant le paysage. Mais aujourd’hui, le nombre de visiteurs de l’ile est tout à fait raisonnable, probablement en partie à cause des inondations de Bangkok qui ont découragé de nombreux voyageurs cette année. Quand aux vendeurs de coquillages, ils sont bel et bien présents, sur la plage du duel, mais sans vraiment défigurer la beauté du décor, qui ne souffre aucune autre trace de civilisation. Ces îles sauvages étaient parfaitement anonymes avant le tournage. Ce film, souvent cité par les fans comme l’épisode le moins réussi de la saga, n’en propose pas moins l’une des bases secrètes de méchant les plus incroyables, non loin derrière le volcan de On ne vit que deux fois en terme de gigantisme.

Après avoir quitté l’endroit, sain et sauf comme 007 mais pas à bord d’une jonque,  je mettrais quelques heures à perdre le sourire hébété qui orne mon visage. Jamais je n’oublierai la magie de cette visite longtemps imaginée et attendue. Chers fans, si vous voyagez un jour en Thaïlande, ne manquez pas ce rendez-vous, vous ne serez pas déçus, croyez-moi.

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