Le SPECTRE

Le SPECTRE

Le SPECTRE : Service Pour l’Espionnage, le Contre-espionnage, le Terrorisme, la Revanche et l’Extorsion.

L’organisation machiavélique est née avec James Bond au cinéma dès James Bond contre Docteur No. Avant cela, Ian Fleming avait imaginé la nébuleuse criminelle comme un ennemi à même de remplacer le KGB et la Mafia.

L’organisation secrète d’Ernst Stavro Blofeld est montée en puissance dans les films, prenant sans relâche le monde en otage, jusqu’à presque déclencher une troisième guerre mondiale. En 2015, le SPECTRE fait son retour sur les affiches du 24e James Bond, son seul nom suffisant à faire trembler et réunir les fans.

Quel est son but, qui sont ses membres, quel est leur rôle au sein de sa structure ? Retour sur l’ennemi personnel aux multiples tentacules de 007 !

SPECTRE ?

Lorsque les aventures de James Bond passent du format papier à celui de la pellicule, les producteurs décident de retirer toute connotation politique aux aventures de l’agent 007. Dans « Dr No » et « Bons baisers de Russie », les adversaires de Bond ne sont plus des agents de l’Est mais travaillent pour le SPECTRE, qui n’apparaît dans les romans qu’à partir d’« Opération Tonnerre ».  Ainsi, sur les sept premiers films, James Bond doit-il l’affronter six fois.

C’est le docteur No qui, le premier, explique à James Bond ce qu’est le SPECTRE : « Société Privée d’Etude Combinant Terrorisme, Revanche, Extorsion. Tous les éléments de la puissance aux mains des plus grands cerveaux »* (dans Jamais plus jamais, SPECTRE signifie « organe Spécial du Contre-Espionnage, du Terrorisme,  de la Revanche et de l’Extorsion). Et lorsque James Bond lui précise qu’il s’agit des cerveaux criminels, le bon docteur rajoute que « tout criminel qui réussit prouve aussi son intelligence ». Le SPECTRE est donc, en fait, le plus grand Syndicat du crime.

SPECTRE ne fait pas de politique. Il loue ses services aussi bien aux puissances de l’Ouest, comme la France (« Opération Tonnerre ») que de l’Est (la Chine, par exemple, dans « On ne vit que deux fois »).  Lors de guerres civiles, il fournit en armes aussi bien les forces rebelles que celles du gouvernement de façon équitable : en ce qui concerne la mort, SPECTRE est strictement impartial !

L’organisation se veut être une entreprise fiable, car lorsqu’un contrat est signé, il doit être honoré, comme le précise son commandant suprême dans Bons baisers de Russie : « Notre organisation ne tient que par son respect des engagements ». De petites entorses à ces contrats semblent cependant permises, comme lorsqu’une avance est demandée aux représentants chinois, alors que cela n’avait pas été prévu.  Le plus souvent, SPECTRE est son propre client. Son but ultime étant d’amasser le maximum d’argent possible, quels qu’en soient les moyens. Signalons également que la trahison entre les membres de SPECTRE est une chose proscrite : « SPECTRE est une fraternité dont la force réside dans l’intégrité » (« Opération Tonnerre »).

L’organisation est présente partout dans le monde que ce soit en Jamaïque, en Suisse, au Japon ou aux Etats-Unis. Les nouvelles recrues se perfectionnent dans un camp d’entraînement situé sur une île secrète. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est du sérieux : exercices de tirs et d’arts martiaux, combats au corps à corps, parcours du combattant… Et comme  aucun exercice théorique ne remplace l’expérience réelle, on s’exerce aussi sur des cibles vivantes. Rien de tel  pour être motivé que de risquer sa vie.

SPECTRE est donc une entreprise moderne, bien organisée. Afin de pouvoir se consacrer à ses activités criminelles, elle utilise des sociétés écrans, sociétés qui ont été acquises soit de façon illégales ou qui ont été créées par l’organisation criminelle elle-même. Celles-ci se trouvent partout dans le monde et ont des activités très diverses. Elles sont bien entendu dirigées par des hommes de paille.

Au regard des ouvrages et des films, évoquons d’abord le  « Centre International d’Assistance aux personnes déplacées » situé à Paris ou l’agence  bancaire qui cache en fait des salles de réunion où les principaux membres du SPECTRE peuvent mettre au point leurs différents projets.

La « Osato Chemicals & Engineering Co. Ltd »,  qui siège au Japon, dont le rôle est de contribuer au déclanchement de la troisième guerre mondiale pour le compte de la Chine.

Le centre de recherches sur les allergies, situé sur le  Piz Gloria, dirigé par Blofeld lui-même, sous l’identité du comte de Bleuchamp dont le but réel est de créer le virus oméga.

Le laboratoire WW Tectronics, propriété de Willard Whyte, et la plate-forme pétrolière que Blofeld a fait ériger sous l’identité de Whyte servent en fait à la mise au point d’une arme démoniaque ayant  la forme d’un satellite équipé d’un laser surpuissant.

Citons aussi l’entreprise de pompes funèbres  « Slumber, Inc » ou le casino de Willard Whyte dirigé par Bert Saxby qui jouent en fait un rôle dans le trafic de diamants orchestré par Blofeld.

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Le SPECTRE dans les romans

Chronologiquement, en version imprimée, après « Opération Tonnerre », le deuxième affrontement entre l’agent 007 et SPECTRE se retrouve dans une  bande dessinée chilienne. Dans « Sosias », Blofeld envoie un de ses principaux adjoints, Spiros Nakopulos a un mystérieux rendez-vous : un inconnu se propose de vendre à l’organisation, en échange de 5 millions, les principaux fichiers des Services Secrets britanniques. Nakopulos comprenant que ceux-ci pourraient être revendus pour une somme dix fois supérieurs aux ennemis de la Grande-Bretagne accepte le marché. Mais, encore une fois, Bond déjouera leurs projets.

Dans le roman « L’espion qui m’aimait », Bond est envoyé au Canada afin de protéger un transfuge soviétique que SPECTRE se propose d’assassiner pour le KGB moyennant la somme de cent mille livres. L’agent 007 parviendra à abattre le tueur de SPECTRE, un certain Horst Uhlmann, ancien membre de la Gestapo.

Dans le roman suivant, « Au Service Secret de Sa Majesté », nous retrouvons Blofeld en Suisse sous le nom de « comte de Bleuville ». Il a changé physiquement : toujours grand avec des mains et des pieds longs et minces, il est en revanche très minces et à les cheveux blancs et long. Il a le nez aquilin, la bouche généreuse et amicale et le font sillonné de rides.

C’est également dans ce roman que Bond rencontre pour la première fois Irma Bunt, l’aide de camp de Blofeld.

Dans « The Moneypenny Diaries, Guardian Angel », on apprend que Blofeld s’enfuit à Istanbul et prend une nouvelle identité. Mais l’un des fils de Darko Kerim Bey le reconnaît. On perd cependant sa trace et Blofeld part ensuite au Mexique où il semble vouloir changer d’apparence physique. Il gagne ensuite en Espagne.

Lorsque Bond  apprend la nouvelle, il décide, contre l’avis de « M » de retrouver son ennemi. Il le rencontre dans un hôtel à Madrid. Mais Blofeld parvient à s’enfuir et Bond tue son garde du corps, avant d’apprendre qu’un homme correspondant à sa description a pris l’avion pour Singapour. L’agent 009 a pour mission de suivre sa trace, mais il ne trouve aucune preuve que Blofeld ou Irma Bunt se soient rendus dans ce pays.

C’est tout à fait par hasard que l’agent 007 retrouve la trace de son ennemi lorsqu’il est envoyé en mission au Japon (le roman « On ne vit que deux fois). Blofeld a pris cette fois l’identité du docteur Guntram Shatterhand, un horticulteur et botaniste spécialisé dans les espèces subtropicales. Il  est accompagné se son épouse, Emmy Bedon.

Bien qu’il ait à nouveau changé d’apparence physique, Bond le reconnaît immédiatement. Après bien des péripéties, 007 parviendra à tuer son ennemi en l’étranglant, laissant Irma Bunt pour morte dans l’incendie du château de Blofeld. James pense alors avoir vaincu définitivement SPECTRE. Mais il ignore que, comme le chat de Blofeld, cette organisation criminelle a plusieurs vies…

Première édition, Jonathan Cape, 1961
Première édition, Jonathan Cape, 1961
Première édition, Jonathan Cape, 1962
Première édition, Jonathan Cape, 1962

Première édition, Jonathan Cape, 1964

 Le SPECTRE aujourd’hui

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Entre 1971 et 2014, le SPECTRE a disparu des films de James Bond. Déjà dans Au service secret de sa Majesté et Les Diamants sont éternels, l’organisation ne se résumait plus qu’à Blofeld. En dehors d’une tentative concurrente de rivaliser la franchise avec Jamais plus Jamais et son Spectre mené par Max Von Sydow, l’organisation tentaculaire avait disparu des écrans.

Elle n’avait pas pour autant disparu des esprits ! En l’espace de 4 films, le SPECTRE était devenu la première organisation maléfique fictive, qui a ensuite inspirée de nombreux autres univers de la pop culture depuis Hydra chez Marvel, au cirque haut en couleur du Docteur Denfer dans Austin Powers.

Pourtant, il a suffit d’un poster et du titre du 24e James Bond pour prouver que le SPECTRE n’était qu’en sommeil, et que les nouvelles générations de fans, comme les anciennes, étaient prêtes et excitées à l’idée de revoir Bond faire face à la Pieuvre. Alors la question qui se pose est la suivante : qu’est-ce qui a changé ? Le SPECTRE d’aujourd’hui peut-il être le même que celui qui faisait trembler l’ordre de la guerre froide ?

Une valeur sûre

Tant que ce n’est pas cassé, il n’y a pas de raison de le réparer

Albert 'Cubby' Broccoli

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Le SPECTRE hier

quelques organisations inspirées par le SPECTRE
quelques organisations inspirées par le SPECTRE

 

Le SPECTRE classique : la destruction du monde
Le SPECTRE classique : la destruction du monde

Le SPECTRE est avant tout une valeur sûre pour le cinéma aujourd’hui. Ne nous mentons pas, l’ensemble des grosses productions d’aujourd’hui n’aiment pas le risque. Rien n’effraie plus qu’une idée originale qui ne tomberait pas dans un canevas défini. Après le succès de Skyfall, les producteurs de Sony et MGM avaient besoin plus que jamais d’une piste sans trop de risque pour surfer sur la vague de Skyfall. Le Spectre fait partie du patrimoine : cela veut dire que les anciens spectateurs seront au rendez vous pour les retrouvailles, et les nouvelles générations seront intriguées de voir l’association de malfaiteurs modernisées rien que pour leurs yeux.

Réintroduire le SPECTRE, c’est aussi une façon sûre de poursuivre avec la recette qui a fonctionné pour Casino Royale et Skyfall : réintroduire les éléments modernisés de l’univers James Bond. Les origins stories fonctionnent toujours bien, et après M, Moneypenny et Q, la Némésis de Bond était  encore disponible, et Blofeld et le SPECTRE étaient donc un choix profitable.

L’ombre du Spectre

Pensez donc, là où pendant tant d’années, dans la solitude et le silence, à prendre de la vitesse avant de laisser enfin son emprunte sur terre. Un gigantesque force que rien ne peut arrêter.

Ernst Stavro Blofeld
SPECTRE

Le SPECTRE n’était jamais totalement parti. En dehors du Spectre concurrent de Jamais plus Jamais, l’organisation avait failli revenir dans L’espion qui m’aimait, comme indiqué dans les premiers scripts. L’organisation avait aussi légué un héritage considérable à la saga, avec les méchants captivant leurs auditoires dans des réunions visant à la maîtrise du monde, toujours associé à une mise à mort bien savoureuse. Les plans de Stromberg, Drax et Carver sont de leur coté rien de moins qu’une transposition des conspirations habituelle du SPECTRE faite de chantage, de domination dans l’ombre et de destruction.

En 2006, Casino Royale fait le choix habile de ne pas introduire l’organisation, mais juste son ombre à travers la présence sinistre de Mr. White, en arrière plan, qui arrive tout au long du film à frapper Bond sans qu’il n’aperçoive d’où vient la tentacule. Seul problème, les droits d’utilisation du SPECTRE sont toujours en conflits avec le clan McClory, producteurs de Jamais plus jamais et assis sur tout ce qui a trait à Blofeld et à ses compagnons de domination.

Nous avons des hommes absolument partout.

Mr. White
Quantum of Solace

Deux ans plus tard, Quantum of Solace a donc la bonne idée de présenter un proto-SPECTRE baptisé Quantum, qui plutôt que de viser à réchauffer une guerre froide qui n’est plus d’actualité, s’est concentré sur la quête de puissance économique et écologique. S’il y a une idée qui mérite d’être applaudie ces 10 dernières années, c’est la façon dont le SPECTRE s’est transformé pour s’adapter aux enjeux contemporains : l’organisation tire les ficelles à distance pour le financement d’activités terroristes, conquiert les ressources naturelles, implante ses agents partout dans les services secrets et les gouvernements.

Avant même que l’acronyme célèbre, et la silhouette de la pieuvre face son retour, les scénaristes Paul Haggis, Neal Purvis et Robert Wade avaient déjà parfaitement orchestré le retour de l’organisation, et réinventé la réunion de type « SPECTRE » au beau milieu d’un opéra. La phrase « Nous avons des hommes absolument partout » est sans doute la meilleure illustration de ce nouveau SPECTRE.

Alors quand les droits de l’utilisation du SPECTRE et de Blofeld sont enfin revenu, en 2012, dans le portefeuille des producteurs officiels, ce n’était qu’une question de temps avant que la boucle ne soit bouclée, et que la pieuvre puisse enfin apparaitre.

Le nouvel ADN du SPECTRE

Le retour du SPECTRE classique n’a cependant pas eu lieu comme on pouvait l’attendre.

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L’échec commercial et critique de Quantum of Solace a scellé le sort malheureux d’une idée de Quantum, qui n’avait d’autre tord qu’un scénario mis en péril par la grève des scénaristes de 2008.

Skyfall est arrivé par là, et avec l’avènement d’un nouvel âge d’or de l’agent 007 et venue la (re)découverte que Bond pouvait être sentimental, que M pouvait être un personnage totalement dramatique et humain, et que Q et Moneypenny avaient aussi leur histoire personnelle avec James Bond.

SPECTRE a donc du faire le mélange avec la tendance générale privilégiée par Mendes qui fait que tout ce qui concerne Bond doit le toucher personnellement, et la pression des producteurs pour profiter des droits et faire revenir la célèbre organisation.

Deux mesures de (Bour)Bond classique…

Le Spectre du film devient alors un hybride entre des codes vieux de 50 ans, un essai pour assurer la continuité et un nouveau type d’ennemi. L’organisation est ressuscitée dans toute sa splendeur lors de la réunion romaine. Tous les codes sont présents : foule anonyme menaçante, conspirations diverses, exécutions, autorité intimidante du Numéro 1. On retrouve aussi dans le pré-générique et le début du film une mission tout à fait classique avec Bond, qui comme dans les Diamants sont éternels, suit les traces des hommes portant la bague du SPECTRE.

Le rapport du film avec le Spectre est d’ailleurs assez trouble, car en plus de la relation personnelle qui se rajoute (voir plus bas), le film se fend d’un hommage en donnant à son Blofeld une cicatrice similaire à celle du premier Blofeld à montrer son visage : Donald Pleasance dans On ne vit que deux fois. Pourquoi cette cicatrice sachant que Blofeld a toujours changé de visage ? Le film commence alors à mélanger l’ADN de l’organisation

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Une demi-mesure de continuité…

En outre, et pour une raison difficilement explicable, SPECTRE essaie de faire une retcon : terme technique de la pop culture pour expliquer qu’un film essaie de modifier l’explication de ce qu’il s’est passé lors des précédents films : le terroriste indépendant Silva, tout occupé à sa vendetta personnelle, devient ainsi un agent sur SPECTRE, Quantum est énoncée rapidement en lien avec Mr. White, sans que le script ne prenne la peine d’expliquer ce qu’il est arrivé au réseau de Dominic Greene, et White et Oberhauser deviennent tout d’un coup les architectes d’une conspiration de grande ampleur à l’encontre de Bond.

Le film ne se prive pas de parsemer des références à Vesper et à M, ainsi que des indices plus discrets comme le Modigliani dérobé dans Skyfall), afin de simuler que de Casino Royale à Spectre, il n’y a qu’une seule aventure. L’artifice est un peu gros, et il n’ajoute rien aux précédents films, mais nous avons ici pour la première fois le cas où le SPECTRE essaie de se plier à un soucis de continuité, là où les Bond classiques n’avaient pas fait plus de trois fois références aux épisodes précédents.

Et un (vod)cas de drame familial

Mais la réelle nouveauté vient dans le fait de transformer Blofeld en frère caché de Bond. Par cette opération, le film change la nature de l’organisation qui passe d’une nébuleuse sans visage (ou aux multiples visages) contre le monde libre, à une organisation dominée par un homme qui est directement liée au passé de Bond.

Le SPECTRE perd alors tout son aspect fantomatique en donnant corps à son fantôme. On pourra même regretter que ce corps incarné par Christoph Waltz jouant un méchant au complexe enfantin ruine l’histoire. De même SPECTRE n’est en fait nommé qu’à deux reprises dans tout le film, une fois par Madeleine Swann, sans que cela n’occasionne de réaction, et une autre par Bond, annonçant l’acte de décès de l’organisation. Les premiers scénarios du film faisaient même table rase sur l’acronyme de l’organisation (Special Executive for…) pour faire remonter le nom de l’association aux « Spectres de pierre », une division militaire liée au passé d’Oberhauser.

De fait, SPECTRE n’est vraiment présente que dans le titre, et lors de la scène de la salle de réunion, car la machination de Oberhauser et les liens avec Mr. White et Madeleine prennent le devant de la scène pour le reste du film. On ne peut pas vraiment en vouloir à Sam Mendes de ce point de vue : le réalisateur a monté l’ensemble de ses films autour des liens familiaux entre les personnages. Après avoir rajouté une dimension quasi-maternelle entre M et Bond dans Skyfall, il s’agissait sans nul doute de la façon du réalisateur d’approcher son nouveau méchant.

Le lien personnel et sentimental entre Bond et son ennemi était obligatoire, même si cela modifie beaucoup a trajectoire du retour du SPECTRE amorcé depuis 2006. Comme le dis Bond dans le film à propos de cette gigantesque force que représentait l’organisation :

Mais elle s’est arrêtée… ici, en plein désert

James Bond
SPECTRE

Une nouvelle menace pour un nouveau monde

Est-ce à dire que tout est à jeter dans ce nouveau SPECTRE qui perd pied dans son identité ? Non !

Spectre_onesheetPremièrement au niveau visuel : le retour du SPECTRE a donné lieu à d’excellentes idées en termes d’image : le poster teaser de SPECTRE avec l’impact de baller créant le logo de l’organisation est une merveilleuse trouvaille. L’organisation donne aussi son thème au générique avec l’a figure tentaculaire enveloppant les conquêtes de Bond, rattrapant bien en cela la chanson gémissante de Sam Smith.

Le Spectre apporte aussi le thème de la mort dans le film : celui-ci est amorcé par les premiers mots s’affichant à l’écran « les morts sont vivants », le jour des morts, le masque de squelette de Bond, les scènes d’enterrement, les ennemis revenus du passé (White et Oberhauser). En ce sens, SPECTRE laisse sa place plutôt au mot Spectre, qui donne un thème plus adapté au film.

Le SPECTRE moderne
Le SPECTRE moderne

Enfin, le film a tout de même le mérite d’actualiser la menace du film en faisant du SPECTRE une organisation fantôme dédiée à l’espionnage et l’observation. On s’éloigne un peu de la direction prise par Casino Royale et Quantum of Solace, pour faire de l’organisation une menace faite de centaine d’yeux qui plane au dessus des États.

La rencontre avec la thématique du pouvoir qui passe par la surveillance, les agents sans visages de Blofeld, la tour menaçante du Centre National de la Surveillance qui se dresse face aux ruines du MI6 traditionnelles… Ce nouveau visage donné au SPECTRE a de quoi l’inscrire de façon moderne dans notre époque, même s’il est dommage que cette menace ait été confiée à M, Moneypenny et Q pour y mettre fin.

En somme, le SPECTRE d’aujourd’hui n’est pas si différent du SPECTRE d’hier : il s’agit d’une organisation qui continuera à s’adapter pour paraître menaçante, tandis que Blofeld changera de visage pour plaire aux spectateurs, et donner la réplique à Bond.

Les agents

 Le SPECTRE, ce n’est pas moins de 6 films, et autant d’adversaires à la taille de Bond que 007 doit sans cesse éliminer.

Les principaux membres du SPECTRE, au nombre de 12, sont désignés par un numéro. Ce sont des personnalités, pour la plupart  mondialement connues, qui disposent d’une honorable couverture. Tout en haut de la pyramide : Ernst Stavro Blofeld, le numéro 1.

SPECTRE

La nébuleuse

 

L’homme ne se sépare jamais de son chat persan blanc. Il porte au doigt une chevalière à motif de pieuvre à l’instar d’autres membres du SPECTRE.  Il est sans pitié, n’hésitant pas à tuer, ou faire tuer, les membres de son équipe qui n’atteignent pas les objectifs qui leur sont fixés.  Il change aussi régulièrement d’apparence physique. En tant que chef d’entreprise, Blofeld se doit d’avoir des adjoints à qui il peut déléguer les différents projets décidés par l’organisation.

Au SPECTRE, on ne garde que les meilleurs dans leurs disciplines, sans distinction de race ou de sexe. Nous verrons que si certains employés sont spécialisés dans un domaine bien particulier, d’autres semblent être plus polyvalents. En ce qui concerne les personnes travaillant pour SPECTRE, si la plupart semblent vouloir y faire carrière, d’autres ne sont engagés que pour un projet déterminé…

Une organisation telle que le SPECTRE se doit d’avoir aussi du personnel dont la tâche est d’identifier et connaître les intentions de l’ennemi. Dans Dr No, trois tueurs, qui se font passer pour des mendiants aveugles ; Miss Taro ; le faux chauffeur, Mr Jones ou la photographe de l’aéroport de Kingston. Dans Bons baisers de Russie, des employés de l’hôtel où Bond est descendu, ou encore dans Opération Tonnerre, Quist, employé pour surveiller Domino, Janni et Vargas qui s’occupent des sales besognes pour Largo. Sans oublier Bambi et Thumper dans « Les diamants sont éternels », spécialisées dans le combat à mains nues, qui ont pour mission de surveiller Willard Whyte et sont.

Afin de mener à bien ses différents projets, SPECTRE s’entoure également de scientifiques compétents. C’est le cas de Ladislav Kutz, un physicien nucléaire polonais qui doit s’occuper des bombes atomiques détournées par Largo. Et décide cependant de trahir le SPECTRE… Le docteur Kovacs, dans « Jamais Plus Jamais », chargé de la mise à feu des ogives nucléaires. Et le professeur-docteur Metz est un expert en matière de réfraction du laser. C’est lui qui met au point le laser de Blofeld monté sur satellite.

Signalons enfin que le SPECTRE utilise parfois du personnel  à « durée déterminée » pour  un travail particulier : Angelo, par exemple, qui a pour mission de remplacer François Derval ; et dans « Les diamants sont éternels », le docteur Tynan ; le pilote d’hélicoptère Joe ; Mademoiselle Whistler,  l’institutrice ; le contrebandier Peter Franks ; l’humoriste Shady Thee et Tiffany Case, recrutés dans le cadre d’un trafic de diamants.

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*Les rangs dans l’organisation criminelle ici mentionnés sont ceux indiqués dans les films. Certains de ces personnages n’existant pas par ailleurs dans les romans. Dès le roman « Thunderball », où apparait pour la première fois le SPECTRE, Fleming lui-même indique que les numéros de chaque membre change régulièrement pour éviter d’être repéré, Blofeld portant lui-même en fait le numéro 2.

Une organisation qui ne tolère pas l’échec

Le SPECTRE, dans les films classiques, ce sont aussi (et surtout) des visages et des voix emblématiques*. Autant d’acteurs et d’actrices – souvent étrangers à la langue de Shakespeare – choisis pour leurs « gueules » et qui sont entrés au Panthéon de la saga et du cinéma…

001 – Dr No (James Bond contre Dr No, Joseph Wiseman) : Premier ennemi de 007 au cinéma, il est l’archétype du « méchant » bondien, handicapé, machiavélique et raffiné. Toute en finesse, l’acteur canadien Joseph Wiseman y gagne une renommée mondiale et un passage à la postérité.

002 – Professeur Dent (James Bond contre Dr No, Anthony Dawson) : Peureux, lâche, il est manipulé par (la voix du) Dr No, et par lui poussé au crime. Anthony Dawson, second rôle britannique bien connu, a aussi la particularité d’être… Blofeld (ou plutôt ses mains) dans les deux films suivants !

003 – Miss Taro (James Bond contre Dr No, Zena Marshall) : Sirène perverse au QI limité, elle est la traitresse de service. Bond la démasque d’emblée et révèle alors une facette de sa personnalité : son utilitarisme bienvenu. Zena, elle, courra avec bonheur les conventions de fans jusqu’à son décès.

Encyclopédie des personnages

004 – Kronsteen (Bons baisers de Russie, Vladek Sheybal) : N°5 est maître d’échec et l’une des têtes pensantes du SPECTRE qu’il cherche à venger l’assassinat de No. Il paiera son échec de sa vie. Acteur polonais, Sheybal enchaine les seconds rôles dans une cinquantaine de films.

005 – Rosa Klebb (Bons baisers de Russie, Lotte Lenya) : Agent n°3, lesbienne, russe et traitre… Il fallait le talent de la grande actrice et chanteuse autrichienne de renommée internationale pour donner chair à cette complexité (non dite). Klebb lui ouvre les portes de la notoriété auprès du grand public.

006 – Donovan Red Grant (Bons baisers de Russie, Robert Shaw) : Shaw fait de Grant le sadique par excellence. Sa carrière connait l’apogée dans les années 60 et 70 (nomination au Oscar), avant qu’il ne décède prématurément, peu après avoir incarné Quint, le pécheur de requin des Dents de la mer.

007 – Morzeny (Bons baisers de Russie, Walther Gotell) : Première apparition de Gotell, qui a l’exclusivité de revenir ensuite six fois dans la saga sous les traits de Gogol. Ce qui ferait oublier ses 140 apparitions sur petits et grands écrans jusqu’à sa mort en 1997.

008 – Jacques Bouvard (Opération Tonnerre, B. Simmons/R. Alba) : Une silhouette lors d’un combat violent, et à mort pour numéro 6. Hommage au cascadeur Bob Simmons, grand maître du métier et coordinateur des cascades de la plupart des Bond jusqu’en 1985. Et doublure de Sean Connery et homme des trois premiers « gunbarrel ».

009 – Comte Lippe (Opération Tonnerre, Guy Doleman) : Homme clé du plan destiné à dérober les missiles nucléaires, Lippe est le double maléfique de Bond. L’acteur néozélandais G. Doleman lui prête ses traits avant d’apparaitre dans toutes les séries britanniques et américaines à succès.

010 – Fiona Volpe (Opération Tonnerre, Luciana Paluzzi: On aurait presque souhaité qu’elle soit gentille tant sa beauté est grande. Paluzzi devait incarner Domino… Elle sera la sadique et dominatrice Fiona. Elle met un terme à son impressionnante filmographie en 1978.

011 – Emilio Largo (Opération Tonnerre, Adolfo Celli: Double maléfique de Volpe, n°2 estimé, c’est le sadisme incarné. D’abord metteur en scène renommé au Brésil, Celi devient acteur en 1964. Il tourne ensuite avec les plus grands réalisateurs d’action, en particulier en France.

012 – Helga Brandt (On ne vit que deux fois, Karin Dor: N°11 du SPECTRE, son passage n’est pas des plus remarqué dans la série, si ce n’est pas sa mort atroce. Karin Dor est l’une des rares girls allemande qui brille sur les écrans dans les 60’s. En 1969, Hitchcock la choisit pour L’Etau qui fait sa renommée. Elle tourne encore en Allemagne.

013 – Osato (On ne vit que deux fois, Teru Shimada: Homme d’affaires lâche, il a l’honneur d’être abattu par Blofeld lui-même, ce qui lui évite la disgrâce. Il ne semble pas qu’il soit membre officiel du SPECTRE. L’acteur Teru Shimada qui l’incarne fait la plupart de sa carrière aux Etats-Unis.

014 – Irma Bunt (Au Service Secret de Sa Majesté, Ilse Steppat: Exécutante de Blofeld, bien moins bonhomme qu’il n’y parait. Et surtout assassin de Tracy dans le final du film. Steppat fait principalement carrière en Allemagne. Elle décède d’une crise cardiaque trois jours après la sortie mondiale du film.

015 – Grunther (Au Service Secret de Sa Majesté, Yuri Borienko: Homme de main falot, tel que le SPECTRE et les Bond en comptent tant. Peu de dialogue donc, un physique impressionnant. Yuri Borienko est cascadeur, resté célèbre pour avoir eu le nez cassé par G. Lazenby lors de ses essais.

016 – Mr Wint & Mr Kidd (Les diamants sont éternels, Bruce Glover et Putter Smith: Maniant l’humour noir autant que la cruauté, leur imagination de tueurs est sans limite. Premier couple (et seul) couple homosexuel représenté dans la saga. Si Bruce Glover est acteur, Smith est un bassiste de jazz reconnu, « casté » par hasard.

Quantum / Spectre : « We have people everywhere… »

A partir de 2006, une nouvelle organisation émerge face à Bond, avec de nouveaux méchants, sans numéros, mais tout aussi menaçants.

Les films ne disent pas qu’elle est la relation entre Quantum et le SPECTRE, même si Oberhauser affirme que tous ces agents étaient en fait membre du SPECTRE.

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A la tête du SPECTRE :

Franz Oberhauser, dit Ernst Stavro Blofeld : cet homme prétendument mort affirme avoir créé l’organisation SPECTRE pour construire sa propre puissance et tout mis en œuvre pour persécuter Bond.

Les principaux agents

Mr. White, dit Le Roi Pâle : Collaborateur de longue date, les implications de Mr. White restent louches et dans l’ombre. Il s’occupait du recrutement d’agents, mettait les clients de l’organisation en relation avec les différents agents sur SPECTRE et de Quantum, et surveillait les projets des agents de l’organisation, n’hésitant pas à les assassiner si nécessaire.

Ce spécialiste de la manipulation perd confiance dans Blofeld et les activités conduites par l’organisation, ce qui conduit à son arrêt de mort.

Dominic Greene, l’écologiste : PDG de Greene Planet, il est une figure prééminente du réseau Quantum. Il utilise sa façade pour racheter des terres, tout en complotant en sous main avec les différents membres du réseau pour faciliter l’achat et la construction de barrages pour obtenir le monopole des ressources naturelles, tout en déstabilisant les gouvernements. Malgré son apparence chétive, Greene est un expert en manipulation et en rétorsion. Bond détruit son plan et le force à révéler ses informations sur Quantum.

Guy Haynes, le « Ministre » : Cet homme est un proche conseiller du premier ministre qui facilite les relations entre divers officiels du gouvernement, et avec un accès privilégié aux secrets. Il est un des principaux support de Quantum grâce à l’influence qu’il possède au sein du gouvernement britannique.

Max Denbigh, le « surveillant » : nouveau chef du Comité Conjoint du Renseignement (le Comité commun des services secrets britannique), il est à l’origine du Centre National pour la Surveillance et du projet Nine Eyes pour unir les ressources des services secrets des principales puissances. il est secrètement un agent du SPECTRE qui détourne ces données pour que le SPECTRE l’utilise.

Le Chiffre : le « banquier » : homme d’affaire indépendant, il offre ses services à divers terroristes en faisant fructifier leur argent en bourse. Le Chiffre fait cependant de mauvais placements, mis en péril par Bond, ce qui l’oblige à jouer son argent au Casino Royale. L’organisation n’accepte pas cette prise de risque et exécute Le Chiffre avant qu’il ne soit arrêté.

Gregor Karakov : Oligarque russe et membre de Quantum. Il s’occupe principalement de ressources pétrolières.

Moishe Soref : Agent du Mossad israélien, et agent double pour Quantum.

Marco Sciarra : Exécuteur des basses œuvres de SPECTRE. Il supervise les projets terroristes de l’organisation et fait la liaison avec ses agents jusqu’à ce que Bond l’éjecte d’un l’hélicoptère.

Moreau : Secrétaire du SPECTRE et un des bras droit de Blofeld. Il coordonner les réunions du SPECTRE.

Vogel : Responsable des opérations. Elle s’occupe de la vente de médicaments et de la traite de migrantes.

Guerra : Agent du SPECTRE candidat pour succéder à Marco Sciarra. Mr. Hinx l’exécute pour montrer qu’il a de meilleures qualifications.

Les hommes de mains

Mr. Hinx : Agent du SPECTRE aussi raffiné qu’il est imposant, Hinx est une machine à tuer bien décidée à se faire sa place dans l’organisation. Silencieux, bon pilote et bon tireur, Hinx effectue tous les contrats qui lui sont confiés, jusqu’à ce que Bond l’éjecte d’un train

Adolphe Gettler : mercenaire borgne, il est chargé de récupérer l’argent de Le Chiffre auprès de Vesper Lynd. Bond l’exécute avec un pistolet à clou.

Edmund Slate : Un assassin de Quantum à qui Dominic Greene confie la tâche d’exécuter Camille. Bond le tue dans un violent corps à corps.

Yusef Kabira : Il travaille avec Quantum pour séduire de jeunes espionnes, simuler son enlèvement, et ainsi les faire chanter afin d’obtenir leurs services. Il est arrêté par les services secrets britanniques.

Elvis : Cousin de Dominic Greene que celui-ci a pris comme homme de main à son service. Sans réelle qualité, il ne survit pas à l’explosion de l’éco-hôtel.

Agents doubles, terroristes et tueurs à gage

L’efficacité du SPECTRE repose sur son secret. Aussi, ses agents font souvent appels à des terroristes, des mercenaires et des agents doubles pouvant effectuer leurs basses œuvres.

Raoul Silva : la relation exacte de Raoul Silva, terroriste et pirate informatique, avec le SPECTRE n’est pas très claire, mais sa vendetta contre M sert les intérêts de l’organisation. 007 le tue lors d’un face à face final dans Skyfall.

Patrice : Tueur à gage toujours bien équipé, ce tueur silencieux est recherché pour plusieurs meurtres et vols de secrets, jusqu’à ce que Bond ne le pousse hors d’un building.

Alec Dimitrios : derrière une apparence honnête, Dimitrios est un mercenaire qui s’arrange pour trouver des terroristes prêts à effectuer des opérations risquées. Bond le tue dans une exposition à Miami.

Vesper Lynd : Agent du Trésor Britannique qui a été retournée par Mr. White. Elle fournit des informations à Le Chiffre puis White, avant de se donner la mort devant Bond.

Craig Mitchell : Garde du corps personnel de M, il révèle qu’il est un agent double lorsque White est interrogée par M, et essaie de tuer sa patronne. Bond le tue après une course poursuite sur les toits de Sienne.

Mollaka : un terroriste du Nambutu particulièrement agile que Bond aura du mal à attraper. Recruté par Dimitrios pour l’attentat de Miami.

Kratt : Homme de main de Le Chiffre exécuté par Mr. White.

Valenka : Compagne de Le Chiffre exécuté par Mr. White.

Carlos : un autre terroriste chargé de l’explosion de l’avion de Skyfleet à Miami.

Les Clients

Général Medrano : ancien général putchiste de Bolivie, il travaille avec Quantum pour reprendre le pouvoir. Camille est à sa poursuite pour le meurtre de ses parents.

Steven Obanno : Un militaire de l’Armée de Résistance du Seigneur en Ouganda, qui confie son argent à Le Chiffre, avant d’être tué par Bond dans un combat dans les escaliers.

 

Encyclopédie des personnages

Mr. White
Mr. White

greene2

Max Denbigh
Max Denbigh
Mads Mikkelsen - Le Chiffre
Mads Mikkelsen – Le Chiffre
Marco Sciarra
Marco Sciarra
Mr. Hinx
Mr. Hinx
Silva
Silva
Patrice
Patrice

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