Casino Royale 1967, la parodie
Casino Royale, 1967
Avant que le premier roman de Ian Fleming, Casino Royale, ne soit adapté à l’écran de manière officielle en 2006, celui ci a connu plusieurs adaptations : une production TV en 1954, et une parodie qui restera comme un des films les plus absurdes du cinéma : Casino Royale 1967 !
Alors Casino Royale, qu’est-ce que c’est ? Une liste s’impose !
- C’est 7 acteurs jouant 007, dont 3 femmes
- 5 réalisateurs derrière le film (dont John Huston et Ken Hughes) et autant de scénaristes (dont Billy Wilder)
- De grands noms du cinéma : Orson Welles, David Niven, Peter Sellers, Ursula Andress, Woody Allen, Terrence Cooper, William Holden et même Jean-Paul Belmondo
- Le célèbre Burt Baccarach à la musique, et un de ses plus fameux tubes créé pour l’occasion : « A look of love ».
- Des idées de scénarios farfelues : la fille de Bond et Mata Hari, le neveu de Bond, un méchant faisant des tours de magie, des clones et des robots, un final où tout explose…
- Une production catastrophique…
- Et aussi : des pigeons explosifs, une soucoupe volante, des otaries, des bulles, des cornemuses, des tigres, des indiens…
Vous l’aurez compris, Casino Royale est un joyeux cirque, rendu impressionnant par son nombre de stars et son esthétique pop, et à l’histoire qui tient à peine la route du fait de sa production catastrophique.
Synopsis officiel
L’assassinat de plusieurs agents secrets anglais, russes et américains, amènent M, la CIA et le KGB à supplier le vénérable Sir James Bond (David Niven) de reprendre du service : sa première piste, enquêter sur une veuve louche en Ecosse.
Pour contrer ce nouveau SMERSH, Bond décide de ruiner leurs plans : sa fille Mata Bond devra interrompre une vente aux enchères de SMERSH, pendant que Evelyn Tremble (Peter Sellers) et la millionnaire Vesper Lynd (Ursula Andress) tenteront de ruiner Le Chiffre au Casino Royale. En même temps, Miss Moneypenny (Barbara Bouchet) est chargée de recruter de nouveaux agents, alors que le mystérieux Docteur Noah prépare un plan atomique qui finira de façon explosive au Casino Royale.
Casino Royale, pourquoi ?
Au départ de ce film est le producteur hollywoodien, Charles K. Feldman qui a acquis les droits du roman Casino Royale que Ian Fleming avait vendu à la télévision. Bien décidé à profiter de la bondmania, il essaie de s’entendre avec les producteurs de la série officielle EON Productions pour produire ensemble une nouvelle aventure officielle. Mais Albert Broccoli et Harry Saltzman ont des doutes. Ils ont déjà du travailler avec un co-producteur pour Opération Tonnerre, qui n’a pas été une expérience très satisfaisante pour eux.
Charles Feldman se rend alors compte qu’il ne pourra tenir la compétition avec la franchise officielle, et décide de plutôt créer une parodie. Il négocie avec la Columbia un important budget de 6 millions de dollars, mais la production compliqué et les catastrophes de tournage vont faire monter les coûts, jusqu’à dépasser le coût de production de Opération Tonnerre autour de 10 millions de dollars.
Malgré le tournage, le scénario, les problèmes avec les acteurs, les coûts et retards de production qui s’accumulent, Casino Royale verra le joue en avril 1967, deux mois avant On ne vit que deux fois, et connait un succès au box office (mais pas critique en revanche). Le film rapportera 42 millions de dollars, dont des bénéfices, avec au passage une avant-première à Londres aussi chaotique que le film.
Le Cirque de la production
Alors que des premiers scénarios sérieux avaient été préparés pour une adaptation à petit budget, la production se retrouve avec des dizaines de scénarios tous plus différents les uns que les autres. Plutôt que de se limiter à un scénario, le producteur Charles Feldman décide que le film sera composé de différents segments avec chacun leur scénario et leur histoire que seront mis ensemble. Chaque segment sera réalisé par un réalisateur pour que chacun ait son propre style.
Le + du Le Bond : Sur le tournage de Casino Royale
Un scénario regroupant les différents segments est finalement préparé, mais seul le producteur et l’acteur David Niven le verront. Cinq réalisateurs (John Huston, Robert Parrish, Kenneth Hughes, Val Guest, Joseph McGrath) se retrouvent dans pas moins de 6 studios en Angleterre à tourner leur segment, en modifiant leurs scénarios sans savoir ce que préparent les autres réalisateurs.
Le fameux réalisateur John Huston réalise donc la plupart des scènes en Ecosse, prenant même le rôle de M pour l’occasion, tandis que Ken Hughes (le réalisateur de Chitty Chitty bang Bang) s’occupe de la séquence à Berlin. Le réalisateur Robert Parrish hérite de la séquence au Casino Royale, mais d’autres réalisateurs comme Joseph McGrath et Richard Talmadge réaliseront aussi certaines scènes. McGrath notamment, est un réalisateur amené par Peter Sellers pour réécrire et tourner ses scènes de dialogues. Tamaldge orchestre des scènes d’actions partant dans tous les sens, et XXX réalise des scènes complémentaires et pour mettre bout à bout les différentes séquences mais refuse d’être crédité comme « coordinateur de réalisation ».
Derrière le scénario se succèdent des dizaines de scénaristes différents dont le réalisateur Billy Wilder, Wolf Mankowitz,Ben Hecht, et Woody Allen, qui écrit également des scènes qui finiront dans le film pendant qu’il travaille sur une pièce pour Broadway.
Vous pensez que cela est déjà compliqué ? La réalité l’était encore plus, avec pèle mêle : des tensions autour d’une scène impliquant un éléphant, Jean-Paul Belmondo courtisant Ursula Andress, les studios transformés en véritable tables de jeu pour les acteurs et techniciens jouant des sommes importantes au poker, des décors se déplaçant entre 6 différents studios, environ 150 actrices, des espionnes sur les différents plateaux, des coucheries entre les mêmes actrices et les cascadeurs, et des dizaines d’acteurs d’Hollywood et célébrités passant sur le plateau pour regarder l’ambiance et s’offrir des caméos de luxe.
Au sommet de ce cirque, il y a bien sûr le numéro de haut vol entre Peter Sellers et Orson Welles, deux acteurs au fait de leur renommée, comédiens accomplis, mais aux personnalités difficile à gérer à cette étape de leur carrière : Orson Welles n’obéit qu’à lui même et accapare le plateau alors que Peter Sellers se remet d’un infarctus et propage son stress et ses exigences à l’ensemble de la production. À une seule reprise seulement, ils apparaitront ensemble sur le plateau. Les deux hommes se méprisent cordialement, et il faudra tourner leurs scènes séparément, alors que chacun d’entre eux réécrit ses dialogues au jour le jour. Tout cela se fait bien sûr avec des cachets importants pour les deux hommes, chacun se livrant à des caprices de star (Peter Sellers fréquemment en retard car il administre des contraventions depuis sa Rolls Royce, Orson Welles refusant de boire autre chose que le meilleur champagne, Sellers se rajoutant des scènes sans aucun rapport pour essayer des costumes alors que Welles organise des tours de magie sur le plateau.
Selon le réalisateur Val Guest, Peter Sellers devint tellement ingérable qu’il fut éjecter de la production et que les scènes non filmées furent éliminées, laissant son rôle à moitié terminé.
Et encore, nous ne brossons ici que la surface. Avec ce bazar supervisé par Feldman, il est impressionnant que le film ait pu tout simplement se finir avec des scènes mises bout à bout.
Acteurs, actrices et caméos
Dans Casino Royale, 7 acteurs jouent James Bond 007, le vénérable Sir James Bond donnant son nom de code à ses agents.
- David Niven est James Bond 007 (Sir James Bond)
- Peter Sellers est James Bond 007 (l’expert de Baccara Evelyn Tremble)
- Ursula Andress est James Bond 007 (la millionnaire Vesper Lynd)
- Barbara Bouchet est James Bond 007 (Miss Moneypenny, la fille de Moneypenny et secrétaire de Bond)
- Joanna Petter est James Bond 007 (Mata Bond, la fille de James Bond et Mata Hari)
- Terence Cooper est James Bond 007 (Coop un agent insensible aux femmes, ou presque)
- Daliah Lavi est James Bond 007 (La Nouvelle Arme Secrète)
Parmi les acteurs, nombre d’entre eux sont apparus, ou réapparus dans des Bond de la franchise officielle.
- Ursula Andress joue Honey Ryder dans Dr. No, et Vesper Lynd dans Casino Royale
- Vladek Sheybal jouait Kronsteen dans Bons baisers de Russie et l’organisateur de la vente aux enchères dans Casino Royale
- Burt Kwouk apparaissait comme Mr. Ling dans Goldfinger et agent du SPECTRE dans On ne vit que deux fois, et joue ici un des généraux chinois de la vente aux enchères
- Angela Scoular qui joue Bouton d’Or (dans le bain avec David Niven), reviendra pour le rôle de Ruby dans Au service secret de sa Majesté.
- Parmi l’armée de Girls, on retrouve Jeanne Roland, la masseuse de On ne vit que deux fois, Caroline Munro (une des gardes du Docteur Noah) avant de jouer Naomi dans l’Espion qui m’aimait, Karin Dior avant de jouer dans On ne vit que deux fois pour le rôle d’Helga Brandt, et bien d’autres encore…
- Coté casting masculin, on retrouve Jack Gwillim comme officier de l’armée britannique qui apparaissait dans l’Etat Major d’Opération Tonnerre, Milton Reid joue un des gardes du temple de Mata Bond avant d’être Sandor dans l’espion qui m’aimait, aux cotés de John Hollis, qui évente Mata Bond dans Casino Royale et sera Blofeld dans rien que pour vos yeux. John Wells, l’assistant de Q apparaitra dans le rôle de Denis Thatcher dans Rien que pour vos yeux, et d’autres seconds rôles de méchants, encore et encore…
Parmi les caméos de luxes et célébrités qui se sont invitées sur le tournage :
- Orson Welles, convaincu à coup de Rolls Royce et de diner dans des restaurants de luxe d’apparaître dans le film
- Peter Sellers, pensant au départ pouvoir jouer un Bond sérieux, avant de le tourner en dérision
- John Huston, qui improvise le rôle de M quand l’acteur devant le jouer est absent
- Willian Holden, star d’Hollywood en transit par Londres pour faire un safari au Kenya qui joue le rôle de l’agent de la CIA Ronsome
- Charles Boyer, French Lover à Hollywood qui joue Legrand, directeur du 2e Bureau
- Deborah Kerr, grande star de l’Âge d’or d’Hollywood, qui visite le studio un jour, et finit par passer plusieurs semaines dans le rôle tout en dérision de l’agent Mimi
- Woody Allen : un de ses premiers rôles au cinéma, alors qu’il écrit une pièce pour Broadway, joue le Docteur Noah et écrit la plupart de ses dialogues ; les retards de production l’excède tellement qu’il part un jour en costume prendre l’avion pour New York
- Jean-Paul Belmondo, légionnaire français, qui faisait la coure à Ursula Andress
- George Raff, célèbre pour ses rôles de mafieux qui apparait à la fin en jonglant avec une pièce
- Jacqueline Bisset, au milieu de sa carrière hollywoodienne, la française joue le rôle de Miss Bellecuisse
- Mireille Darc, parmi les girls
- David Prowse, le monstre de Frankenstein, qui apparait bien sûr, en costume
- Stirling Moss, un conducteur de Formule 1 les plus célèbres au monde et ami de Peter Sellers, à qui Evelyn Tremble ordonne de « suivre cette voiture », ce qu’il fait, à pied.
- Le grand Peter O-Toole, tout auréolé de ses rôles sur grand écran, qui ne résiste pas au plaisir de mettre un kilt et jouer de la cornemuse sur le plateau
- Et enfin Burt Baccarach, le compositeur de légende qui s’occupera de la BO du film et écrira un de ses classiques « The Look of Love »
Egalement sur le plateau, mais sans apparaitre dans le film : la Princesse Margaret (soeur de la Reine Elisabeth II). Elle snobe Peter Sellers pour aller saluer Orson Welles, provoquant le départ de Peter Sellers du plateau. Frank Sinatra, Sophia Loren et Barbra Streisand, en tournage dans le studio, ont également visité le plateau sans avoir le temps de tourner de caméo.
Produit par Charles K. Feldman, avec David Niven, Peter Sellers, Orson Welles, Barbara Bouchet, Ursula Andress, Woody Allen…
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