Arthur Wooster, par le réalisateur John Glen
C’est avec regret que nous apprenons le décès de Arthur Wooster.
Son nom vous est sans doute inconnu, et pourtant, c’est un des hommes dans l’ombre de la franchise 007 à qui l’on doit beaucoup de moments inoubliables. En tant que directeur de la seconde équipe des James Bond pour les films de Roger Moore (depuis Rien que pour vos yeux), jusqu’à Permis de tuer, il marqua tellement les producteurs par l’organisation des cascades et des scènes d’action, qu’il restera présent dans les équipes de tournage jusqu’à Meurs un autre jour.
Le réalisateur John Glen (à qui l’on doit tous les James Bond de Rien que pour vos yeux à Permis de Tuer), nous a contacté pour partager ce témoignage sur son collègue et ami :
Arthur Wooster a été le héros de l’ombre de tous les Bond que j’ai réalisés dans les années quatre-vingt. C’était un ami très cher. Un vrai compagnon de route. Notre collaboration a commencé avec Rien que pour vos yeux – mon premier Bond en tant que metteur en scène. J’avais dû me battre pour convaincre Cubby Broccoli que c’était lui qu’il fallait prendre comme réalisateur/cameraman de seconde équipe. Et Cubby n’était d’ailleurs pas totalement convaincu, Arthur ayant essentiellement travaillé jusque-là pour des films documentaires.
Son entretien d’embauche ressembla beaucoup à une scène de farce – Barbara Broccoli pourrait en témoigner. Elle est entrée ce jour-là en courant dans le bureau de Cubby en expliquant qu’il y avait un type bizarre qui voulait le voir, un type avec des verres de lunettes très épais.
Arthur s’est avancé d’un pas mal assuré et s’est littéralement pris les pieds dans le tapis. Il n’avait pas du tout le physique de l’emploi, et il bégayait quand il était nerveux. Il m’a fallu deux semaines supplémentaires pour persuader Cubby que c’était bien lui, l’homme qu’il me fallait.
J’appréciais chez Arthur son autonomie et son talent – talent sous-estimé. La poursuite automobile au milieu des oliviers dans Rien que pour vos yeux, la longue séquence sous-marine tournée presque intégralement dans le bassin 007 de Pinewood, la séquence du train dans Octopussy, c’était lui. C’est lui aussi qui réussit à tourner la séquence du camion de pompiers à travers les rues de San Francisco la nuit. Mais son plus beau travail reste pour moi la séquence incroyablement dangereuse du camion dans Permis de tuer, produite avec un professionnalisme exemplaire par Barbara Broccoli.
Merci à John Glen pour ce témoignage. Pour le Club, qui accorde énormément d’importances aux hommes et femmes derrière les cascades emblématiques des Bond, c’est une triste nouvelle.