Décès de Saskia Cohen-Tanuggi
Saskia Cohen-Tanuggi, qui, dans Jamais plus jamais, interprétait Nicole, la représentante du gouvernement français qui accueillait Bond à l’aéroport de Nice, est morte le 20 juillet dernier. Elle avait soixante et un ans. Irvin Kershner, dans le commentaire audio inclus dans une édition américaine du film, n’avait même pas mentionné son nom (il s’attardait beaucoup plus sur le comédien Bernie Casey, qui incarnait Felix Leiter, présent dans la même scène). De fait, elle n’apparaissait, dans tout le film, guère plus de deux minutes, mais, curieusement, malgré la brièveté de ce screen time, elle demeurait présente dans la mémoire des bondophiles, presque autant que les deux leading ladies, Barbara Carrera et Kim Basinger. À cela, deux raisons sans doute. Elle était beaucoup trop « intello », beaucoup trop inattendue pour être rangée dans les Bond girls ordinaires : sa filmographie se limite à trois titres, mais sa théâtrographie est impressionnante (elle fut comédienne, metteur en scène et dramaturge), et ses études et son travail l’avaient conduite dans différents pays (elle est morte en Israël, où elle enseignait depuis vingt ans). Et il y a surtout cette dernière image qu’on voit d’elle dans Jamais plus jamais, écho d’autres images vues dans d’autres « Bond », mais écho détourné. Ce visage sans vie que nous découvrons en contreplongée sur un waterbed, c’est tout à la fois le souvenir du waterbed de Tiffany Case dans Les diamants sont éternels et du cadavre doré de Jill Masterson dans Goldfinger. « Agneau sacrificiel habituel », commentent sèchement certains commentateurs. Ils oublient de préciser que Bond n’avait pas batifolé avec cette anti-Bond girl (en tout cas, rien ne nous l’indique), et que l’immédiateté de la mort de celle-ci venait souligner ce sentiment du temps qui passe qui contribue à faire de Jamais plus jamais un « Bond » à part. -FAL