Des Clubs et des Fans
Que serait 007 en France sans « ses » fans et ses clubs ?
Revenons ensemble sur le parcours des Clubs et de la Bondmania à la française !
Bien que le concept même de « club » ait pris forme au XVIIIème siècle en Grande-Bretagne, en matière d’association de fans la France détient assurément le leadership. Association : voilà la clé. La structure juridique associative est, dans son esprit même, une incongruité pour le mercantile anglo-saxon. Ce modèle bien français se distingue de « l’entreprise commerciale » qui se déploie outre-Manche. N’étant pas soumise à des objectifs commerciaux ou de rentabilité, l’association trouve là la clé de sa pérennité.
De mémoire « d’anciens », la première association bondienne nait à la fin des années 70, sous l’égide de Jean-Marc Paland et Jean-Marc Pinson. On sait peu de choses de ce « James Bond Club 007 de France », si ce n’est qu’auparavant n’existait aucun regroupement de fans. Son activité se résume à l’envoi d’affiches et de photographies originales issues des stocks des Artistes Associés (ndlr. distributeur des opus bondiens en France) à ses membres.
Paland et Pinson sont par ailleurs les premiers auteurs français à éditer des ouvrages sur le phénomène Bond. Si le monde anglo-saxon peut déjà se prévaloir de l’extraordinaire « The Incredible World of 007 » de Lee Pfeiffer et Philip Lisa, au même moment les frenchies publient coup sur coup James Bond girls (1985) et James Bond, licence de tuer (1987). C’est dans cet ouvrage qu’est mentionnée pour la dernière fois, le « James Bond Club 007 de France » qui semble s’éteindre cette même année.
Il faut attendre deux ans pour qu’une poignée de passionnés fonde une nouvelle association : le « Club James Bond France », né à l’initiative de François Justamand, Antoine Sellier, Emmanuel Marin, Laurent Perriot et Jérôme Nicod. La volonté et les moyens humains sont là. Rapidement, à force de promotion, l’auditoire de ses fans s’accroit, et les moyens financiers avec lui. Le Club pose les bases de la vie associative autour de 007. Une publication régulière et de qualité, Bondmag et un site internet dédié sont mis en place. En douze ans, sous les présidences de Jérôme Nicod puis de Laurent Perriot, le Club marque le paysage de son empreinte et gagne la reconnaissance des autorités du monde bondien.
En juin 1997, une autre association bondienne voit toutefois le jour… le « Club 007 France », piloté par Didier Abauzit et Pierre Rodiac, son président fondateur. Entre temps, avait émergée une publication irrégulière et quelque peu discrète, Spectre News.
Si cet éparpillement ne contribue pas à clarifier l’offre pour les fans, les médias et la production, la « concurrence » s’avère plutôt « rafraichissante ». Tandis que Bondmag se mue en Le Bond et se voit adjoint une parution humoristique, Entourloupe dans l’azimut, le « Club 007 France » propose son Bondinfo tous les deux mois, à partir de septembre 1997. Dès juin 1999, apparait l’annuel Archives 007 qui revient en profondeur sur l’un des pans de la culture bondienne. Le « Club 007 » privilégie pourtant une approche événementielle conviviale, tandis que le Club James Bond met le paquet sur les publications. Complémentarité donc.
En juin 1998, le « Club 007 » organise une journée golf 007 au club de Saint-Quentin-en-Yvelines puis sa première convention, à Chantilly en septembre (avec le soutien d’un certain Luc Le Clech). La seconde se tient deux ans plus tard au château d’Anet, haut-lieu des exploits bondiens d’Opération Tonnerre.
Un pour tous…
En parallèle, Laurent Perriot et Jérôme Nicod fondent une société commerciale pour donner le jour au James Bond Magazine, publication très professionnelle et de haut rang qui, sur un business modèle anglo-saxon, émerveillera les fans durant quatorze numéros. Une déclinaison en langue anglaise (James Bond International Magazine) est ensuite proposée… L’aventure fera hélas long feu, faute de rentabilité.
Nous sommes à la fin des années 90. Le retour de Bond sur les écrans suscite l’engouement. A la faveur du développement des nouvelles technologies, les relations entre fans dispersés aux quatre coins de France (et du monde !) sont désormais plus aisées, plus immédiates. Les rencontres lors des assemblées générales, des salons et des conventions se multiplient. La production des fanzines et autre lettre d’information se standardise également. Et les relations désormais directes avec la production, les agences d’évènementiel, les distributeurs permettent aux clubs de proposer à leurs membres des matériels inédits et très qualitatifs.
En 2002, Luc Le Clech reprend le flambeau du « Club 007 ». Il met en œuvre son dessein, et répond au désir de Laurent Perriot de passer la main. Leur amitié fait le reste. Les deux entités qui n’ont plus lieu d’être seront unifiées par décision des adhérents.
Trois ans plus tard, sous l’égide de Sir Roger Moore et en présence de Maryam D’Abo, les parrains, la réunification des deux clubs est scellée lors d’un mémorable diner. C’est l’acte de naissance officiel du « Club James Bond France ». L’association bénéficie du patrimoine administratif, matériel et éditorial des deux clubs. Bondinfo disparait au profit du magazine trimestriel Le Bond (nouvelle série, qui sera suivie d’une nouvelle édition en 2010), tandis que la publication annuelle Archives 007 poursuit sa route. Le site internet historique créé par feu François-Xavier Busnel disparait aussi. Son colossal matériel éditorial est mis à profit pour créer, en 2010, le nouveau portail du Club.
Depuis, au gré de trente-deux Le Bond et douze Archives 007 édités, depuis la British Week du Touquet au Festival Bond, en passant par les avant-premières, les assemblées générales ou les 25 ans de Dangereusement vôtre au Domaine de Chantilly, les rencontres se succèdent à un rythme soutenu en réponse aux célébrations bondiennes pour la plus grande joie des afficionados.
Aujourd’hui, par les évènements qu’il organise, la régularité et la qualité de ses publications, de son site Internet, par sa présence sur les réseaux sociaux, votre Club est l’une des associations de fans, si ce n’est l’association de fans, la plus active au monde.
La suite de l’aventure des fans de Bond en France ? Elle reste à écrire, ensemble.
Par Pierre Fabry, avec le précieux concours de Laurent Perriot et de Pierre Rodiac