His World is our Bond – Interview avec Sir Roger Moore
Le Fouquet’s, célèbre restaurant des Champs-Elysées, un haut lieu du septième art. En cette froide matinée d’octobre, c’est précisément là que les éditions de L’Archipel avaient convié la presse à rencontrer la facétieux Roger qui n’a rien perdu de son humour et de son autodérision. Morceaux choisis…
Par Pierre Fabry
Les Séries
La série Amicalement vôtre a été un énorme succès en France et en Europe, comment expliquez-vous sa popularité en France ? Pouvez-vous nous parler du tournage ?
Les Français ont bon goût ! (rires) Le tournage des 24 épisodes a duré 13 mois et demi dans le Sud de la France sur la Côte-d’Azur, pour six ans de diffusion. C’était très agréable. Tous les matins à six heures, Tony et moi nagions à Saint-Jean Cap-Ferrat, bien avant que soit inaugurée la marina…
Beaucoup de séries sont adaptées en long métrage. Pourquoi Amicalement vôtre n’a jamais fait l’objet d’un film, avec vous ?
ITC qui détient les droits de la série a été en discussion plusieurs fois avec des distributeurs et des acteurs, mais cela n’a jamais pu se faire. Quant à moi, je pourrais incarner… l’arrière grand-père de Lord Brett Sinclair. Et Tony, son arrière grand-mère ! (rires)
Ivanhoe, The Alaskans, Le Saint, The Persuaders… votre notoriété à travers ces séries n’a-t-elle pas été un handicap pour le cinéma ?
Malgré tout j’ai décroché le rôle de James Bond ! (rires) Entre ces séries, j’ai tourné plusieurs films. J’aurais adoré faire Lawrence d’Arabie ou Le Chacal, mais on ne me l’a pas demandé ! C’est la vie ! [ndlr. en français dans le texte]
Parmi les héros que vous avez interprété, lequel préférez-vous ?
James Bond… Surtout parce que chaque année, je reçois un chèque ! (rires) Ce qui n’est le cas, ni avec Le Saint, ni avec Amicalement vôtre. J’aime travailler.
Mémoires
Comment prépare-t-on un tel ouvrage ?
D’abord, il m’a fallu 80 ans ! C’est un exercice délicieux d’écriture durant neuf mois, que d’essayer de me souvenir et de passer du temps avec des gens disparus, comme mes parents. Ma femme m’a aussi beaucoup encouragé. Cela faisait ressurgir des anecdotes que je racontais… Elle me disait : « Tais-toi et écris ! » (rires)
Vous qui n’aimez pas les armes à feu, on vous voit sur la couverture avec un revolver ! Comment s’est opéré le choix de la couverture du livre ?
J’ai dû tenir compte de ce que m’a demandé mon éditeur britannique. Puis, je ne sais pas trop mal sur la photo… (rires)
James Bond
Avez-vous vu Quantum of Solace ? Que pensez-vous de Daniel Craig ?
Pas encore. J’avais vu Casino Royale. C’est un très bon film. Daniel Craig est magnifique. Très fort. Plus que moi. C’est un gentilhomme et un très bon acteur, très agréable. Je verrais Quantum of Solace quand je rentrerais chez moi, dans deux mois, en DVD.
Quel regard portez-vous sur 007, depuis que vous avez passé la main ?
Ils sont tous très bons, et surtout plus jeunes ! (rires) Sean (Connery) a imposé le style Bond. Tous les acteurs sont parfaits, mais pas aussi bons que moi, bien-sûr. (rires)
Avec la fin de la guerre froide, faut-il encore faire des films de James Bond ? Cela a-t-il un sens ?
Parmi tous les héros, James Bond est un de ceux qui incarne le mieux la lutte entre le bien et le mal. Même les contes de fée reposent sur cette dualité, et cela marche toujours. Tant que les producteurs mettront de l’argent en ne trompant pas le public, cela se poursuivra…
UNICEF
Quels sont vos projets à venir ?
Comme vous le savez, je suis ambassadeur pour l’UNICEF le plus clair de mon temps. Après Paris, nous partons pour l’Amérique, l’Australie, la Nouvelle-Zélande… A chaque fois, avec ma femme Christina, nous levons des fonds pour l’UNICEF. En janvier, nous serons en Irlande, par exemple pour créer un fonds. Avec la crise, il est de plus en plus difficile de réunir de l’argent. Il faut travailler deux fois plus pour le même résultat. Si vous avez 50 ou 100 euros et que vous ne savez pas quoi en faire, n’hésitez pas à les laisser sur la table ! (rires)
Quelle opinion avez-vous sur les élections américaines : Obama ou Mc Cain ?
Je n’ai jamais pris parti. Puis, mes fonctions d’ambassadeur de l’UNICEF m’interdisent toute prise de position politique. La seule chose que je peux dire c’est que je déteste Robert Mugabe [président dictateur du Zimbabwe] ! Quel que soit le prochain président, nous irons le voir pour lui demander d’augmenter les fonds versés par les Etats-Unis à l’UNICEF. Car, comme vous le savez, l’organisme tire ses revenus de fonds privés et non de fonds publics ou de l’ONU…
Dernières Volontés
Lorsque vous arriverez au paradis, qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise ?
« Retournes d’où tu viens ! »
Un grand merci à l’ensemble de ceux qui ont permis et facilité ces reportages : Sir et Lady Moore, Gareth Owen, Jérôme Pescheux et Sandrine Robinet (éditions de L’Archipel), notre amie Marie-France Vienne, Clap’online et, bien-sûr, nos compères Laurent Perriot et Joël Villy.