BRIGITTE MILLAR, l’interview : De SPECTRE à MOURIR PEUT ATTENDRE
BRIGITTE MILLAR, l’interview : De SPECTRE à MOURIR PEUT ATTENDRE
Dans 007 SPECTRE, Sam Mendes reprend l’idée d’une grande réunion de l’organisation S.P.E.C.T.R.E comme cela avait été fait 50 ans auparavant dans OPERATION TONNERRE, dans une version plus baroque. Un des membres de cette réunion est le personnage de VOGEL, un docteur allemand interprétée par l’actrice Brigitte Millar. Elle fait partie des acteurs de retour dans le film suivant, MOURIR PEUT ATTENDRE, pour la scène de la soirée de S.P.E.C.T.R.E.
Propos recueillis par Jessy Conjat et Eric Saussine
Comment avez-vous obtenu cette première apparition sur Spectre ?
Mon agent a soumis mon nom et le directeur de casting du film m’a demandé de passer une audition.
Face à qui avez-vous fait votre audition ?
Le directeur de casting et deux assistants étaient présents
Comment avez-vous appris que vous aviez obtenu cette audition ?
Mon agent m’a envoyé un email, ainsi qu’une scène spéciale à apprendre.
Et est-ce le même discours que vous aviez à prononcer pendant la scène ?
Très similaires. Vraiment très similaires. Ce n’était pas vraiment la même scène que le film, mais ça y ressemblait beaucoup parce que à l’évidence il ne voulait rien révéler du contenu du film.
Était-ce intimidant de vous livrer à cette performance face à autant de monde et dans ce grand décor ?
C’était très intimidant. Il devait y avoir entre 175 ou 200 personnes dans ce décor. Il y avait tous ces figurants autour de la table et à l’étage plus l’équipe caméra, l’équipe de production… Il y avait évidemment aussi ce décor caverneux, avec cette grande table et ces colonnes en marbre. Donc oui, c’était très intimidant !
Avec tous ces gens, comment était l’atmosphère sur le plateau : relâchée, disciplinée ?
C’était discipliné. Il était nécessaire que ce soit discipliné. Tout le monde partait déjà assez vite dans des petites conversations au risque de ne pouvoir produire aucun travail sérieux. Donc les gens étaient plutôt disciplinés et concentrés, l’atmosphère était calme, à un degré inattendu.
Cela fait maintenant 6 ans que ce tournage a eu lieu. Quel en est votre meilleur souvenir ?
Je pense qu’avoir travaillé avec Daniel Craig et Christophe Waltz fut le meilleur souvenir. Ils étaient tous deux si professionnels, si précis. Cela a été fantastique de travailler avec eux.
Comment Sam Mendes vous a-t-il dirigé ?
Je crois me souvenir qu’il m’a fait en commentaire, mais à côté de ça, il m’a laissé carte blanche. Ce qui était vraiment super. Quand je l’ai rencontré, il m’avait d’ailleurs dit : « Quand tu rencontres un acteur, tu sais lequel a besoin d’être dirigé et lequel doit être laissé tranquille. » Effectivement, un réalisateur sait reconnaître les différents besoins des acteurs. Et moi, il m’a laissée faire. A un commentaire près !
Comment avez-vous abordé le rôle ? A-t-il nécessité un travail particulier ?
On m’a donné ce discours en langue anglaise, et on m’a demandé si je préférais le traduire en allemand, puisque je suis moi-même une Allemande. Donc j’ai fait ma propre traduction. Et j’ai un peu adapté les phrases pour les rendre plus précises, car le personnage est une scientifique, rigoureuse et qui veut tenir l’attention de son auditoire, d’autant plus que celui-ci est majoritairement masculin. Donc le propos doit avoir une direction précise, il doit retenir l’attention de tous. J’ai donc fait une traduction de ce discours afin que cela ressorte.
Souvent ces changements de scénario sont contrôlés. Avez-vous obtenu une approbation de quelqu’un ?
Non, je l’ai juste fait comme ça ! C’est après qu’ils sont venus me voir et qu’ils m’ont demandé : « C’est ce qu’il y a exactement dans le scénario ? » « Euh, non, pas vraiment. Presque, mais pas tout à fait » (rires). Mais on avait déjà passé toute la journée à filmer la scène, et Sam avait eu l’air d’apprécier. Donc on était bon.
Quel était ce commentaire unique que vous évoquiez et que vous a fait Sam Mendes ?
C’était au moment de l’entrée de Blofeld. Elle se montre nerveuse. Et il m’a dit d’être encore plus nerveuse. Tous les personnages devaient montrer davantage d’appréhension. « Le grand patron arrive. Il faut vraiment que je fasse gaffe. Il faut que je sois impeccable. »
Les circonstances d’un si grand nombre d’acteurs et de ce grand décor ont-ils facilité votre immersion dans le rôle ?
Oui, c’était vraiment bien car cela vous donnait vraiment la sensation de combien cette organisation était intimidante. Dans un tel décor, la sensation de danger est palpable. L’organisation a des moyens et se montre puissante. Et cela est bien sûr palpable dans la scène.
Sur le nouveau film, Mourir peut-être prendre, vous avez un nouveau réalisateur, Cary Joji Fukunaga. En quel points est-il différent de Sam Mendes ?
Cary aime bien inventer les choses au fur et à mesure. Il vous dira : « Et pourquoi tu ne te placerais pas là-bas, tu restes immobile et tu diriges ton regard vers là, et bond arrivera par là »… et rien de tout cela n’est présent dans le scénario. Il adore créer certaines choses de toutes pièces, de manière impromptue. Il vous faut donc être prête à improviser. Sam, en comparaison, reste bien plus proche du scénario. C’est certain, vous verrez pas mal de moments qui ne sont pas dans le scénario dans le prochain film.
Comment avez-vous obtenu cette fois le rôle dans Mourir peut attendre ?
Ils m’ont juste rappelée pour reprendre le rôle ! C’était sympa. Et aussi simple que cela.
Combien de temps a duré ce nouveau tournage pour vous ?
Il a duré un peu plus d’une semaine. Huit journées au total, il me semble.
Et est-ce une ou plusieurs scènes ?
Il s’agissait de plusieurs scènes. Mais qui sait ? Impossible de savoir combien vont finir dans le film final. Suspense… je croise les doigts. Je me rappelle par contre qu’il faisait très froid sur le plateau. Cela provoquait une condensation sur le sol vu que le set était construit à l’extérieur. En robe de soirée c’était froid.
Avez-vous participé à la promotion de ces films ?
J’en ai fait un petit peu pour Spectre. Évidemment, rien pour Mourir peut attendre… pas encore. Avec la pandémie, il a été tellement de fois retardé, qu’il s’est auto promu, d’une certaine manière.
Vous évoquez combien il était impressionnant de voir Christoph Waltz et Daniel Craig. En quoi étaient-ils extraordinaires ?
Je pense que ce sont de très bons acteurs, mais ils se montrent aussi très généreux. Ils vous donnent du temps quand ils ont une scène avec vous. Ils vous laissent la faire sereinement. Ils n’essayent pas de briller ou de vous faire de l’ombre. Ils vous laissent vraiment faire votre part, ce qui est vraiment gentil de leur part. Tous les acteurs de premier plan ne font pas ça.
En quoi l’expérience du tournage de Mourir peut attendre fut-elle différente de la précédente ?
Travailler avec Cary a été une expérience si différente. Vraiment, lui et Sam Mendes sont diamétralement opposés. Cary improvise à tout bout de champ, Sam reste très organisé et proche du scénario la plupart du temps. Ce sont vraiment deux manières différentes de réaliser… Sam vous laisserait parfois faire, tandis que Cary se montrerait très directif. Ça va être intéressant de voir comment cela se traduit via le medium cinéma.
Est-ce que vous avez eu à faire aux pontes de la production ?
J’ai rencontré Barbara Broccoli quand je suis arrivée sur le plateau et nous avons bavardé une minute ou deux. J’ai revu Daniel. Christophe Waltz n’était pas sur le plateau cette fois. Mais pas grand-chose de plus.
Est-ce que tourner ces deux films a eu un impact sur votre carrière ?
J’espère que quand le prochain sortira, cela aura un impact sur ma carrière, bien sûr !
Quel est votre médium professionnel préféré ?
Oh, définitivement le cinéma.
Et votre genre préféré au cinéma ?
J’adore la science-fiction. Et l’heroic fantasy. J’adore Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, les films de vampires… tous ces trucs-là !
Pouvez-vous nous raconter comment vous en êtes arrivée à travailler avec notre ami Keyvan Sheikhalishahi sur le court-métrage Nox ?
Keyvan m’a envoyé un SMS après la sortie de Spectre et il allait se rendre à Londres avec sa mère, et nous nous sommes rencontrés pour bavarder autour d’un café. Et là, il m’a offert un rôle dans un de ses films. J’étais vraiment excitée quand j’ai lu le scénario, c’était brillant. Absolument brillant ! Je crois que le film s’appelait Cyrius. Et un peu plus tard, il s’est mis à écrire Nox et m’a envoyé le scénario. J’ai adoré le rôle, c’était vraiment super ! C’était vraiment parfait pour moi. Comment aurais-je pu refuser une telle proposition !
Interview réalisée par ZOOM en mai 2021